14 janvier 2010
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L'affaire est entendue, et toute votre intuition vous le crie aux oreilles : il s'agit bien d'un meurtre. Vous tentez de garder votre excitation pour vous, et balbutiez une banalité au capitaine sur le drame de la vie, accompagné d'une anecdote sur votre grand oncle Aristide, retrouvé noyé dans sa cave à vin. Le médecin, lui, a tôt fait de remballer ses affaires et se dirige déjà vers la sortie, en plaisantant sur le bonheur que cela doit être de mourir dans les bras d'une femme. Vous n'avez pas même eu le temps de lui demander des précisions supplémentaires sur la mort "naturelle" de l'artiste.
Tout en continuant à plaisanter légèrement au dessus du cadavre du peintre, vous vous approchez du hublot que vous ouvrez pour aérer la pièce. Vous en profitez pour détailler plus attentivement la tache de gras. Elle vous rappelle les fameux tests d'Hermann Rorschach. Il en émane une aura de puissance malsaine, massive et compacte, et vous peinez à y voir quelque chose de concret. Peut-être un insecte, au jabot comme une trompe, dans lequel on aurait enfoncé une flûte tranchante et sans trous. Peut-être une masque de taureau découpé à la scie par un enfant malade. Un sentiment de malaise s'empare de vous, et vous vous détournez du hublot pour revenir à des choses plus rassurantes.
La bouteille de whisky est un Bushmills Original, un single malt irlandais de seize ans d'âge. Le peintre savait vivre, peut-être un peu trop compte tenu du prix d'une telle merveille. Vous profitez que le capitaine soit sorti (sûrement pour rassurer les passagers sur la situation) pour glisser la bouteille sous votre queue de pie. Il vous faudra trouver quelqu'un capable d'analyser la présence d'un poison dans l'alcool, ou bien le tester sur un animal ou un domestique quelconque.
La rouille sur les vêtements de la victime vous intrigue au moins autant que la tache de gras, et vous récupérez une cuillère sur la table basse pour en racler une partie, que vous recueillez dans votre mouchoir en soie. Vous avez tout juste le temps de le replacer dans votre poche avant qu'Archibald ne revienne dans la cabine.
« Hé bien, cher ami ! Prisez-vous donc tant que cela la compagnie des artistes maudits ?
— Ils ont souvent meilleure conversation que les artistes mondains.
— Certes, et puis, ils sentent plus fort.
— C'est là tout le sel, capitaine.
— Ah ! Le sel ! Ne me parlez pas de sel ! À ce propos, il est temps pour nous de retourner à notre dessert. Les infirmiers vont s'occuper du corps, ne vous inquiétez pas.
— Je n'ai plus très faim, à vrai dire, mais je vous accompagne pour au moins m'excuser auprès de Lady Sesquipedalian. »
Le capitaine vous jette un regard coquin, et vous emboîte le pas tandis que vous revenez vers la salle à manger. Entre temps, vous avez prétexté vouloir récupérer un nouveau mouchoir dans votre cabine — juste en face — pour déposer la bouteille et votre échantillon de rouille sur votre lit.
Dans la grande salle, la plupart des gens sont encore debout, et discutent à grands bruits de l'évènement, et il vous est facile de demander autour de vous si quelqu'un connaît cette jeune femme qui a donné l'alerte. Hélas, personne ne semble capable de vous répondre. Il parait évident que si la mystérieuse demoiselle n'est pas connue en première classe, elle doit sûrement l'être du côté des troisièmes classes, et des domestiques qui l'ont laissé pénétrer sur le pont A. De plus, vous parieriez votre chapeau qu'elle n'a pas monté tant d'escaliers pour venir aider l'artiste à tenir son pinceau sans aucune rétribution.
Vous pensiez pouvoir vous passer de dessert, mais la vue de l'immense flan au caramel vous fait rapidement changer d'avis, et vous vous rasseyez à la table d'Archibald, ce qui vous vaut une oeillade supplémentaire de la Lady.
« Quelle excitation ! Monsieur Bontemps, voilà de quoi nourrir plus d'une histoire ! Je vois d'ici le mobile : la jalousie d'une femme, toujours belle, et qui, malgré toute son expérience, est tombée une nouvelle fois dans le piège de la romance aveugle !
— Certes. Mais tout semble indiquer qu'il ne s'agit là que d'un banal accident. lui répondez-vous sans trop savoir où poser les yeux.
— Allons bon, monsieur ! On n'abuse pas si facilement d'un homme tel que vous ; je suis certaine que vous menez déjà une enquête approfondie...Je suis toute prête à vous aider, dans la mesure de mes modestes moyens, vous savez.
— Je ne vous en remercie que trop, milady. »
Vous blêmissez d'autant plus lorsque vous sentez un discret frôlement le long de votre jambe ; une rencontre avec un noble pied qui ne semble guère accidentelle. Cherchant une diversion, votre regard se pose sur Bernique Volte, l'ingénieur fou, et vous profitez de l'occasion pour lui demander s'il s'intéresse à la chimie.
« Des bulles et des couleurs, répond-il, voilà ce que les gens pensent de la chimie. Mais détrompez vous, jeune homme, détrompez-vous. La chimie est simple, la chimie est transparente, et le moindre liquide incolore et insipide peut se révéler être un explosif puissant ou un composé mortel. Il n'y a pas d'humour dans la chimie, vous savez. Alors, pour vous répondre, oui, je m'intéresse à cet art, autant qu'à tout le reste, si l'on peut dire !
— Ah monsieur, voilà qui est passionnant ! Je m'intéresse moi-même un peu aux sciences ; peut-être pourrions nous nous retrouver un de ces jours pour discuter un peu, autour d'un single malt irlandais, par exemple.
— Un esthète ! Ici, en ces eaux froides et atlantiques ! Saviez-vous que c'est Platon qui initia le monde aux pharmakos, et qui lança cette mode sur l'Atlantide ! Ah monsieur, je serai très heureux de partager avec vous les secrets de la pH-métrie, de la synthèse des alcools aromatiques et du rôle essentiel des catalyseurs !
— Hé bien, vous me voyez ravi, monsieur Volte.
— Vous pouvez m'appeler Bernique. Je suis tous les jours au fumoir, avec un verre et un crayon ; la fumée m'aide à réfléchir. »
Enfin, après avoir englouti un puissant digestif qui vous fait tousser de la tête aux pieds, vous constatez que la salle commence à se vider, et vous vous apprêtez à sortir de table lorsqu'une main gantée vous retient par le coude. Vous n'êtes pas surpris de croiser le regard malicieux de Lady Sesquipedalian, qui vous invite à boire un dernier verre dans le petit salon.
Comment allez-vous finir cette soirée ?
1) Vous vous excusez auprès de la Lady et vous vous retirez dans votre cabine pour réfléchir aux évènements de la soirée. Vous en profiterez d'ailleurs pour écrire une nouvelle noire et graisseuse.
2) Vous acceptez l'invitation de la Dame. Après tout, sa compagnie n'est pas si désagréable, et vous n'avez guère envie de dormir seul ce soir.
3) Vous partez en quête de la jeune femme dans les bas fonds du navire, chez les troisième classes. La nuit va être longue et terrible.
4) ...
Tout en continuant à plaisanter légèrement au dessus du cadavre du peintre, vous vous approchez du hublot que vous ouvrez pour aérer la pièce. Vous en profitez pour détailler plus attentivement la tache de gras. Elle vous rappelle les fameux tests d'Hermann Rorschach. Il en émane une aura de puissance malsaine, massive et compacte, et vous peinez à y voir quelque chose de concret. Peut-être un insecte, au jabot comme une trompe, dans lequel on aurait enfoncé une flûte tranchante et sans trous. Peut-être une masque de taureau découpé à la scie par un enfant malade. Un sentiment de malaise s'empare de vous, et vous vous détournez du hublot pour revenir à des choses plus rassurantes.
La tache marronâtre vous insuffle en sentiment de malaise...
La bouteille de whisky est un Bushmills Original, un single malt irlandais de seize ans d'âge. Le peintre savait vivre, peut-être un peu trop compte tenu du prix d'une telle merveille. Vous profitez que le capitaine soit sorti (sûrement pour rassurer les passagers sur la situation) pour glisser la bouteille sous votre queue de pie. Il vous faudra trouver quelqu'un capable d'analyser la présence d'un poison dans l'alcool, ou bien le tester sur un animal ou un domestique quelconque.
La rouille sur les vêtements de la victime vous intrigue au moins autant que la tache de gras, et vous récupérez une cuillère sur la table basse pour en racler une partie, que vous recueillez dans votre mouchoir en soie. Vous avez tout juste le temps de le replacer dans votre poche avant qu'Archibald ne revienne dans la cabine.
« Hé bien, cher ami ! Prisez-vous donc tant que cela la compagnie des artistes maudits ?
— Ils ont souvent meilleure conversation que les artistes mondains.
— Certes, et puis, ils sentent plus fort.
— C'est là tout le sel, capitaine.
— Ah ! Le sel ! Ne me parlez pas de sel ! À ce propos, il est temps pour nous de retourner à notre dessert. Les infirmiers vont s'occuper du corps, ne vous inquiétez pas.
— Je n'ai plus très faim, à vrai dire, mais je vous accompagne pour au moins m'excuser auprès de Lady Sesquipedalian. »
Le capitaine vous jette un regard coquin, et vous emboîte le pas tandis que vous revenez vers la salle à manger. Entre temps, vous avez prétexté vouloir récupérer un nouveau mouchoir dans votre cabine — juste en face — pour déposer la bouteille et votre échantillon de rouille sur votre lit.
Dans la grande salle, la plupart des gens sont encore debout, et discutent à grands bruits de l'évènement, et il vous est facile de demander autour de vous si quelqu'un connaît cette jeune femme qui a donné l'alerte. Hélas, personne ne semble capable de vous répondre. Il parait évident que si la mystérieuse demoiselle n'est pas connue en première classe, elle doit sûrement l'être du côté des troisièmes classes, et des domestiques qui l'ont laissé pénétrer sur le pont A. De plus, vous parieriez votre chapeau qu'elle n'a pas monté tant d'escaliers pour venir aider l'artiste à tenir son pinceau sans aucune rétribution.
Vous pensiez pouvoir vous passer de dessert, mais la vue de l'immense flan au caramel vous fait rapidement changer d'avis, et vous vous rasseyez à la table d'Archibald, ce qui vous vaut une oeillade supplémentaire de la Lady.
« Quelle excitation ! Monsieur Bontemps, voilà de quoi nourrir plus d'une histoire ! Je vois d'ici le mobile : la jalousie d'une femme, toujours belle, et qui, malgré toute son expérience, est tombée une nouvelle fois dans le piège de la romance aveugle !
— Certes. Mais tout semble indiquer qu'il ne s'agit là que d'un banal accident. lui répondez-vous sans trop savoir où poser les yeux.
— Allons bon, monsieur ! On n'abuse pas si facilement d'un homme tel que vous ; je suis certaine que vous menez déjà une enquête approfondie...Je suis toute prête à vous aider, dans la mesure de mes modestes moyens, vous savez.
— Je ne vous en remercie que trop, milady. »
Vous blêmissez d'autant plus lorsque vous sentez un discret frôlement le long de votre jambe ; une rencontre avec un noble pied qui ne semble guère accidentelle. Cherchant une diversion, votre regard se pose sur Bernique Volte, l'ingénieur fou, et vous profitez de l'occasion pour lui demander s'il s'intéresse à la chimie.
« Des bulles et des couleurs, répond-il, voilà ce que les gens pensent de la chimie. Mais détrompez vous, jeune homme, détrompez-vous. La chimie est simple, la chimie est transparente, et le moindre liquide incolore et insipide peut se révéler être un explosif puissant ou un composé mortel. Il n'y a pas d'humour dans la chimie, vous savez. Alors, pour vous répondre, oui, je m'intéresse à cet art, autant qu'à tout le reste, si l'on peut dire !
— Ah monsieur, voilà qui est passionnant ! Je m'intéresse moi-même un peu aux sciences ; peut-être pourrions nous nous retrouver un de ces jours pour discuter un peu, autour d'un single malt irlandais, par exemple.
— Un esthète ! Ici, en ces eaux froides et atlantiques ! Saviez-vous que c'est Platon qui initia le monde aux pharmakos, et qui lança cette mode sur l'Atlantide ! Ah monsieur, je serai très heureux de partager avec vous les secrets de la pH-métrie, de la synthèse des alcools aromatiques et du rôle essentiel des catalyseurs !
— Hé bien, vous me voyez ravi, monsieur Volte.
— Vous pouvez m'appeler Bernique. Je suis tous les jours au fumoir, avec un verre et un crayon ; la fumée m'aide à réfléchir. »
Enfin, après avoir englouti un puissant digestif qui vous fait tousser de la tête aux pieds, vous constatez que la salle commence à se vider, et vous vous apprêtez à sortir de table lorsqu'une main gantée vous retient par le coude. Vous n'êtes pas surpris de croiser le regard malicieux de Lady Sesquipedalian, qui vous invite à boire un dernier verre dans le petit salon.
Comment allez-vous finir cette soirée ?
1) Vous vous excusez auprès de la Lady et vous vous retirez dans votre cabine pour réfléchir aux évènements de la soirée. Vous en profiterez d'ailleurs pour écrire une nouvelle noire et graisseuse.
2) Vous acceptez l'invitation de la Dame. Après tout, sa compagnie n'est pas si désagréable, et vous n'avez guère envie de dormir seul ce soir.
3) Vous partez en quête de la jeune femme dans les bas fonds du navire, chez les troisième classes. La nuit va être longue et terrible.
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